29 septembre : Essaouira (GMMI) – Tarfaya Cap Juby (Gxxx)

Au briefing du jour, Daniel nous annonce une escale non prévue à Agadir. En effet, l’organisation locale d’Essaouira n’avait pas assez de carburant 100LL pour ravitailler tous les avions de la caravane. Les plans de vol sont déposés, les avions préparés et la navigation briefée. Nous attendons patiemment que la météo s’améliore sur Agadir.

Jean-Jacques G. , Président de l’Association Air Aventures, est intarissable sur l’histoire de l’Aéropostale. Afin de faire passer le temps, il nous conte les aventure des pilotes Ville et Rozès qui, peu de temps après l’ouverture de la ligne Casablanca-Dakar en juillet 1925 descendent en patrouille de Casa à Cap Juby. Le Bréguet XIV de Rozès tombe en panne, Ville se pose à coté et garde son moteur tournant. Les Maures attaquent les deux pilotes. Ville sort son arme et amoche sévèrement deux Maures. Les pilotes abandonnent l’avion en panne et décollent en catastrophe avec l’avion intègre. Suite à cet incident, les pilotes refusent de repartir en vol (les prémices de grève des pilotes)… Didier Daurat, alors directeur de l’exploitation Aéropostale, en colère, se rend sur les lieux et désamorce le problème avec les autochtones. Le courrier continuera de passer!

Le brouillard s’est levé sur Agadir et chaque appareil s’envole à 5 minutes d’intervalle. Après 35 minutes de vol, nous atteignons la région d’Agadir, qui finalement est un peu plus bouchée que prévu. Il nous faut monter au dessus de la couche (« On top ») et redescendre dans une zone dégagée pour ensuite atterrir.

Nouveau briefing pour rejoindre le terrain mythique de Tarfaya, anciennement Cap Juby. Cette piste en terre battue n’est aujourd’hui exploitée qu’une fois par an, au passage du Rallye.

Mais avant d’atteindre la terre des Pionniers, il nous faut relever le défi du jour, la fameuse Galinette! Un peu compliqué à expliquer, mais il y a 5 épreuves en 1 : 2 flèches sont positionnées au sol, il faut déterminer leur orientation magnétique ; puis déterminer l’angle aigu formé par ces 2 flèches ; ensuite déterminer la distance séparant le milieu des 2 droites ; et enfin déterminer l’axe de « piste » de ce fameux segment entre les 2 flèches. Du grand combo concocté par Antoine G. , à repérer en route sur l’aire à signaux du terrain de Tan Tan. Nous passons à la verticale du terrain et observons les fameuses flèches. Il nous reste 45 minutes pour affiner nos appréciations et calculs.

Le transit côtier est magnifique. Il fait penser aux falaises de Normandie, mais en moins vert! Il y a d’immenses champs d’éoliennes (jusqu’à 130 pylônes) au milieu de nulle part. Une seule de ces éoliennes suffit à alimenter le petite village de Tarfaya, que nous avons enfin en vue!

Nos coeurs s’emballent. Résister à l’émotion et rester concentré sur la trajectoire. C’est Patrice qui aura la chance de poser les roues du F-GXDG à Cap Juby, dont la piste en terre battue a été spécialement préparée par Jean-Marie A. depuis 2 jours. Cette petite bande damée ne fait que 700m de long. Nous contactons l’organisation au sol qui donne les derniers paramètres sur la fréquence 123,450. Au bout de la piste les autres participants sont déjà parqués et observent les arrivées. Passage verticale à 700 ft puis nous descendons sur la mer et longeons le port pour enrouler ensuite le petit village. Menace principale sur l’approche : des restes d’antennes sur l’axe! Avec un circuit de piste adapté/baïonnette, Patrice rejoint l’axe final et se pose tout en douceur.

Une immense émotion nous emplit en foulant la terre des Pionniers : Mermoz, Saint-Exupéry, sont passés par là, et depuis, c’est comme si le temps s’était arrêté. Une escale à l’ancienne : pas de limite d’aérodrome, on circule à pied sur la piste en prenant garde aux autres appareils à l’arrivée. Un camp bédouin nous attend pour la nuit, pas de téléphone, pas d’internet, des douches donc l’eau est chauffée à la bouteille de gaz et des lits sous une toile en peau de chameau. Il est très facile de s’imaginer 90 ans en arrière!

Le passage du Rallye est comme une fête pour les enfants du village qui nous rejoignent une fois le dernier aéronef posé. Certains équipages ont amené du matériel pour les écoles, des stylos, des sucettes… C’est la folie sur le terrain! Tout le groupe se retrouve autour d’un rafraîchissement sur l’aile d’un Piper PA28 transformé en comptoir de bar pour marquer cette étape phare du Rallye.

Puis il faut se dépêcher avant que la nuit ne tombe car certains souhaitent se baigner et aussi visiter le Musée Saint-Exupéry. Après un passage sur la plage, nous nous hâtons au Musée. Dans une petite salle remplie de panneaux explicatifs, se trouvent certains « vestiges » de l’aventure Aéropostale. Il nous est difficile de contenir notre émotion devant un dessin original du Petit Prince, ou tous ces courriers, livrés à leurs destinataires parfois 3 à 4 mois plus tard, partiellement brûlés ou détériorés suite à l’accident de l’avion qui devait les mener à bon port…

Retour au campement où les résultats de la Galinette et le classement général sont donnés, avec remise de coupe pour les trois premiers… Grâce à notre performance du jour, nous progressons et arrivons au pied du podium, 4e sur 16 équipages. Et rien de tel qu’un bon repas Marocain pour célébrer le classement : harira, pastilla de poulet et l’inévitable couscous. Pour celles et ceux qui ont encore de la place, quelques biscuits et fruits frais accompagnent le traditionnel thé à la menthe. Puis nos hôtes allument un grand feu de joie autour duquel nous nous rassemblons et poursuivons nos discussions, certains poussent même la chansonnette.

Sous un ciel clair et une lune somptueuse, chacun part se coucher sous la tente avec des étoiles plein les yeux. Nul doute que les Aventuriers de l’Aéropostale veillent sur nous

Le débit internet ne permettant pas le chargement des photos, cet article sera illustré dès qu’une connexion ad hoc le permettra. 🙂

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